Tamiflu Un médicament sous surveillance après treize décès
Le Tamiflu, l'une des seules armes susceptibles d'être utilisées contre une éventuelle pandémie de grippe d'origine aviaire, est sous surveillance après la survenue au Japon de treize décès, sans qu'aucune relation de cause à effet avec le traitement n'ait été établie, d'après les agences sanitaires américaine et européenne.
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Douze décès d'enfants de moins de 16 ans et un décès d'un jeune de 17 ans, tous sous traitement au Tamiflu au Japon contre la grippe saisonnière, ont été répertoriés sur plus d'un an, selon les agences sanitaires. Le Japon est le principal consommateur de cet anti-grippal avec 24,5 millions de patients (dont 11,6 millions d'enfants) japonais traités sur un total mondial de 33 millions de patients, d'après la firme suisse Roche qui commercialise le Tamiflu. Roche a affirmé vendredi que la mortalité des enfants grippés traités par Tamiflu est inférieure à celles de ceux non traités, citant des taux de mortalité réduit de 60 à 90%.
La grippe touche chaque année entre trois et cinq millions de personnes dans le monde, et provoque entre 250.000 et 500.000 décès/an, selon l'Organisation mondiale de santé (OMS). L'Agence fédérale américaine des médicaments (FDA), qui a fait état de 12 décès dans un rapport, a souligné qu'un lien entre le Tamiflu et ces décès était difficile à établir. Schématiquement, la FDA relève sur les 12 décès quatre cas de mort subite pendant le sommeil dont certains touchant des enfants asthmatiques, quatre de défaillances cardio-pulmonaires. Elle note pour les autres une perte de conscience suivie de chute mortelle, une pneumonie, une asphyxie et une pancréatite aiguë suivie d'arrêt cardio-pulmonaire.
Pour sa part, l'Agence européenne du médicament (EMEA) a ajouté qu'elle surveillait les éventuels effets secondaires de l'antiviral, après avoir été alertée sur des cas de suicide d'adolescents dont l'association avec le traitement n'est pas prouvée. La FDA a également décidé de maintenir ce suivi des effets secondaires indésirables (allergies...) à tous âges, indique-t-elle vendredi. L'EMEA évoquait jeudi deux cas de "présumés suicides associés à ce traitement" d'un adolescent de 17 ans en février 2004 et d'un adolescent de 14 ans en février 2005, tous deux au Japon. Les deux adolescents ont eu un "comportement anormal ou perturbé, qui a conduit à leur décès", indique l'EMEA.
"D'autres médicaments sont souvent pris en même temps que le Tamiflu", et des patients grippés ayant une forte fièvre peuvent avoir des symptômes psychiatriques, particulièrement les enfants et les personnes âgées, relève l'agence européenne basée à Londres. D'où, selon l'EMEA, la difficulté à déterminer la cause de ces troubles psychiatriques lors d'un traitement au Tamiflu. Ce médicament est prescrit dans l'Union européenne à titre curatif à partir de l'âge d'un an et à titre préventif à partir de 13 ans, lors des épidémies de grippe saisonnière. "Tous les effets secondaires" sont surveillés par le comité scientifique de l'agence qui demande à Roche de fournir "toutes les données disponibles sur les graves désordres psychiatriques" qui pourraient être liés à cet antiviral. Dans "aucun des 13 cas, il n'y a la preuve d'une explication possible ou d'un lien de causalité éventuelle avec l'utilisation du Tamiflu", se défend Roche en rappelant que l'on peut mourir de la grippe et de ses complications (pneumonie, myocardite...).
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